Lectures de Rôle n°54

Est-ce encore de la Lecture de Rôle quand, dans ce billet, je ne parle que d'un seul JDR lu ? Et que je parle de trois podcasts ? De l'écoute de rôle, plutôt ? En tout cas, vous voilà prévenus. Dans ce billet, c'est surtout dans vos oreilles que ça pourrait aller.

No-Tell Motel par Ken Lowery

No-Tell Motel est un jeu de rôle solo, par Ken Lowery, publié par Bannerless Games. On y joue un employé de motel, qui gère les check-ins et les check-outs, alors qu'un meurtre a récemment eu lieu dans la chambre 7. Le motel est fréquenté par un groupe récurrent de personnages, nos suspects. Chaque nuit, nous allons écouter, regarder, espionner, et découvrir petit à petit la toile de relations entre ces personnages, et peut-être découvrir le coupable du meurtre.

Le jeu emploie un paquet de cartes, dans lequel les figures (As compris) représentent des personnages : la Medium, l'Inspecteur des Vices, le Trésorier du Syndicat, la Jeune Divorcée, la Fugueuse, le Professeur... Il y en a 16, illustrés et brièvement décrit. Ces personnages n'ont pas de nom, juste un titre, une fonction. Ni l'endroit ni le lieu ne sont identifiés non plus. On peut choisir tout cela, l'adapter au cadre qu'on veut explorer. Reste qu'il est évident que ce motel n'est pas touristique, et qu'il accueille surtout une faune désespérée, à la marge en quelque sorte.

Le jeu se déroule en nuit. Il y a 6 chambres, et chaque nuit, on tire un dé pour savoir combien de chambres sont occupées. On distribue un personnage, au hasard, dans ces chambres. Puis la nuit est découpée en trois phases. On tire une carte "Question" pour chaque personnage, on y répond. Puis un lancer de dé nous indique si un des personnages s'en va, ou si un nouveau arrive. De nouvelles questions sont tirées et répondues. Et une fois les trois phases accomplies, on rejoue une nouvelle nuit.

Les Questions vont tracer une toile. Elles portent sur le comportement de ces personnages, sur des interactions entre eux, avec leurs voisins de chambre par exemple (ou avec nous parfois). Parfois, un personnage va en rejoindre un autre. Et puis, si on tire un Pique, on va découvrir un lien entre la victime du meurtre et le personnage concerné. Ce qui va faire monter un compteur de Mobile pour ce personnage.

Les questions sont très bien écrites, et donnent le ton du jeu. Elles explorent bien les thèmes du jeu. Mais je n'ai pas été conquis par la mécanique de résolution finale. Pour dévoiler à la police un Suspect, et tenter de le mettre derrière les barreaux, il faut obtenir un score de Mobile de 6. Au bout de 7 nuits, j'en étais encore loin (3 Max). La quantité de personnages, le fait que le Mobile n'avance qu'avec une carte Pique, cela ralentit énormément la mécanique. Du Doute se rajoute à cela dès qu'on tire une carte Pique qu'on a déjà tiré précédemment. Le Doute pouvant faire capoter notre théorie finale. La mécanique finale, qui peut amener sur un échec à cause du Doute, pourrait être revue pour être déclenchée plus tôt. Ou alors, la valeur de Mobile pourrait évoluer plus vite. Pour éviter de se lasser et de perdre le fil. Peut-être qu'avoir moins de personnages aiderait aussi à moins diluer les cartes de culpabilité.

Malgré cette réserve sur la mécanique de résolution finale, et sur la longueur du jeu, j'ai vraiment apprécié ma partie. Oui, j'y ai joué. Ce n'est pas qu'un retour de lecture. L'ambiance est au rendez-vous. Les questions et les personnages ont parfaitement capturé le ton du jeu. Le livret, comme vous le voyez ci-dessus, est particulièrement réussi dans sa mise en page, ce qui contribue à l'ambiance.

Si plonger dans les affres de la solitude de l'employé de motel vous tente, que vous avez un côté voyeur / espion et que vous aimez la rumeur, No-Tell Motel pourrait vous plaire.

No-Tell Motel est disponible sur itch.io

Changer d'Angle

Je me suis mis à écouter du podcast. Et ça tombe bien, je commence à en voir arriver pleins ! Par exemple, Julien Pouard (Cendrones) a décidé, après les Voix d'Altaride ou encore L'Arpenteur, de lancer un podcast nommé Changer d'Angle, qui explore un jeu et sa mécanique, et comment cela a changé la manière d'aborder le JDR avec son invité(e).

Trois épisodes (pilote compris) sont sortis pour l'instant, avec une parution mensuelle prévue.

Dans le pilote, Julien parle d'une mécanique de House of the Blooded qui a changé sa manière de voir le JDR, avec la possibilité d'obtenir le privilège de raconter l'issue d'une action. Dans le premier épisode avec un invité, Axel de JeudiJDR, c'est la mécanique de Dé de Sang de la dernière édition de Vampire qui est évoquée. Comment elle a complètement changé la façon de jouer de sa table de Vampire, comment changer l'approche mécaniquement a enrichi l'histoire autour de la table. Un épisode vraiment passionnant, pour moi qui suit néophyte de Vampire (jamais lu, joué une seule soirée). Le podcast repose sur les expériences des invités, Julien réagit avec ses propres expériences liées, mais il y a aussi beaucoup de pédagogie, d'explications, de réflexions autour de comment on joue, comment le jeu influence notre façon de jouer.

Dans le dernier épisode en date, c'est Milouch qui vient parler de son expérience autour du jeu sans meneur, qu'elle a découvert avec Bois Dormant de Melville. Comment elle et son groupe ont vécu cette façon très différente d'organiser une partie de JDR, et les impacts que ça peut avoir sur ce qu'on raconte. Je suis très au fait du JDR sans meneur, mais cet épisode était vraiment intéressant car il m'a permis de découvrir comment d'autres personnes ont découvert ce mode de jeu, et comment ils l'ont ressenti. Une discussion pertinente, étayée entre deux personnes ayant toutes deux créées des jeux de rôle sans meneur.

J'attends la suite avec impatience, et j'ai hâte de découvrir d'autres profils, d'autres jeux, d'autres aspects du JDR. Le format d'une heure me convient parfaitement, et le rythme de la discussion est très bien géré. Point bonus : j'adore le final avec la rubrique "Pourquoi c'est cool, pourquoi ça craint".

Ces podcasts sont disponibles sur le site de Cendrones ou sur les plateformes de Podcast

The Darkened Threshold - Session 1

J'ai déjà mentionné The Darkened Threshold dans ces colonnes. Il s'agit d'un podcast de The Gauntlet, animé par Jason Cordova et Alex Rybitski, qui explore principalement les jeux Carved from Brindlewood. Mais même si vous n'êtes pas familier de ces jeux, ou s'ils ne vous intéressent pas, je vous invite à jeter un oeil à un des derniers épisodes : Keeper's Notebook : Session One.

Dans cet épisode, Jason et Alex discutent d'une section particulière qu'on retrouve dans tous les jeux CfB édités par The Gauntlet : la procédure de première session. Un déroulé pas à pas de la première session de jeu, un script à jouer par le Gardien, qui va de la lecture du C.A.T.S. au débriefing de fin de partie, en passant par la création des personnages, la présentation du cadre et les premières phases de jeu.

Comme le C.A.T.S., depuis que j'ai découvert cette manière de faire, j'ai du mal à m'en passer.

Ce podcast est disponible sur le site de The Gauntlet ou sur les plateformes de Podcast.

Inspiration Bardique

Kaefer, de la chaîne Dice Story, se lance lui aussi dans le podcast ! Son concept : comment peut-on s'inspirer des jeux vidéos ?

Chaque épisode se concentrera sur un jeu vidéo en particulier, et tentera de le décrypter, avec l'optique d'utiliser des éléments de sa narration, de son histoire, peut-être de ses mécaniques dans le jeu de rôle.

J'ai beaucoup aimé l'épisode pilote, qui tourne autour de Final Fantasy VIII. Un jeu que j'ai apprécié ET détesté quand j'y ai joué. Dont j'ai encore des images en tête, mais qui avait réussi à me perdre en chemin. Kaefer, après avoir décrit et présenté le jeu, en tire quelques thèmes, quelques axes, et raconte comment ceux-ci peuvent être réutilisés.

J'ai beaucoup aimé l'écoute de ce podcast, qui s'intéresse surtout à l'aspect histoire et narration, plus qu'aux mécaniques de jeu. J'ai aimé le format de ce premier épisode d'une vingtaine de minutes. Je suivrai avec attention les prochains, même si je ne pense pas passer deux heures avec Mass Effect. Mais si des thèmes, des jeux qui me parlent, m'intriguent passent, je sauterai dessus avec plaisir.

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