Une nouvelle revue de lecture autour du JDR. De la création française, c'est assez rare pour être souligné. Une proposition qui tourne pas mal autour du GN, ce qui est tout aussi rare (voire plus). C'est bientot Noël, faites-vous plaisir et faites plaisir avec des jeux indés, et n'hésitez pas à mettre quelques jeux au pied du sapin, même virtuel. N'hésitez pas à consulter mes listes : Des jeux que j'aimerais jouer, Des jeux que j'ai joué, et Des jeux solos que je pourrais essayer.

Triage, par Linou MajorZéro

Couverture de Triage

Cela fait déjà plusieurs mois que je vois circuler le nom de Linou MajorZéro, voire qu'on interagit ici ou là, et il était temps que je regarde d'un peu plus près sa production. Plus que des jeux à part entière, il s'agit surtout de scénarios, avec un penchant pour l'horrifique, qui lorgnent légèrement vers le Cthulien si j'ai bien compris. Ce qui n'est pas trop ma tasse de thé, je dois l'avouer, et la raison pour laquelle je ne m'étais pas plus intéressé que ça à Chromatopsie, par exemple. Mais Triage semblait différent. Un côté absurd corpo assumé, une touche d'horreur toujours présente, une proposition one-shot assumée et radicale. J'ai profité de la grande promo Lulu, et je me suis lancé.

Donc, Triage n'est pas un jeu mais un scénario ouvert, mini bac à sable refermé sur lui-même. Un système de jeu est proposé (le système maison, en version light), mais je ne m'y suis pas vraiment penché. Je connais mes goûts, et je ne pense pas que j'arriverai à m'y intéresser.

Mais commençons par l'aspect graphique, qui est ce marque au premier abord. C'est Cédric Chaillol qui s'est occupé de la maquette, et si elle reste assez classique, l'habillage est super chouette. Entre les faux posters "motivationels", l'ambiance corpo décrépite, la magnifique couverture, on est gâté. Chapeau. Cela ne foisonne pas d'illustrations, mais est-ce nécessaire ? L'ambiance est là.

Intérieur de Triage

Le texte permet aussi de se mettre dans l'ambiance. Je ne vais pas dévoiler le contenu de l'intrigue, qui repose sur un twist, mais sachez que vous errerez dans une entreprise folle, où l'absurdité de l'administration est mise en avant, où les happy managers/director of happiness ne cachent plus l'horreur de leur situation. Pensez The Office si ça avait été un film d'horreur, pensez Les Douze Travaux d'Astérix, pensez LinkedIn. Gros plus, l'ambiance française. Dans les prénoms, dans certaines dénominations, on sent une ambiance vieille entreprise française et tous ses clichés.

Léger regret, le scénario est pensé pour être joué par des personnages venant d'une autre histoire, à intégrer dans une campagne, d'en faire un intermède. J'aurais apprécié de voir une proposition de pré-tirés, d'avoir, directement dans le texte, la possibilité de jouer en one-shot le scénario. Même si les enjeux deviennent, fatalement, différents. Mais la manière dont est conçu Triage permet de le faire assez facilement.

Une bonne pioche que ce scénario. Même si on reste dans un système de Dungeon-Crawl (ah, je vous avais pas dit ^^), le scénario n'est pas câdenassé et offre beaucoup de libertés dans son déroulement. Surtout, il a une véritable patte et une ambiance bien à lui. Et avec ces idées, j'espère juste voir Linou et l'équipe du DCC sortir encore plus des sentiers battus et explorer d'autres voies, plus alternatives encore, du game design.

Triage est disponible sur le site du Dirty Clean Crew.

Elevator Dogs, par Blind Archivist

J'aime les jeux de casse. J'aime aussi les fictions de casse, de braquage, de malfrats où ça ne va pas forcément bien se passer (qui à dit Fiasco ?). Et ici, on ne va jouer que la conclusion d'un braquage. Pendant 10 minutes. En grandeur nature.

Elevator Dogs

Elevator Dogs est un Larp, un Live-Action Roleplaying game. On y joue des braqueurs. Qui viennent de récupérer un butin au dernier étage du plus haut des buildings de la ville. Ce butin, il est dans une malette. Mais le braquage ne s'est pas déroulé comme prévu, et il y a eu plus d'action que prévue. On est, normalement, tous armés. Et on se retrouve dans l'ascenceur qui va nous mener au rez-de-chaussée, d'où on devrait s'échapper. On a dix minutes à passer dans cet ascenceur. Et il y a peut-être, sans doute, une taupe parmi nous.

On part donc pour dix minutes de roleplay. Chaque joueur reçoit en début de partie une carte/un papier, sur lequel est inscrite une règle. Ce qu'il possède. Qui il est vraiment. Ce qu'il peut faire comme action. Les actions gameplay sont réduites : sortir un flinge, tirer avec, sortir un taser, tirer avec, sortir son badge de police, tout faire péter... Et personne ne sait ce qui nous attend en bas. Plusieurs fins sont possibles.

5 minutes d'explication, 10 minutes de jeu, des règles très simples et visuelles (on mime nos armes et équipements). Et niveau espace, juste de quoi représenter un ascenceur. Parfait pour découvrir le GN !

Elevator Dogs est disponible sur itch.io

Peace was never an option, par Adam Schwaninger

Peace was never an option - Une chèvre dans un arbre

Un jeu en une page, recto-verso, format livret, qui va nous proposer de vivre une aventure rocambolesque dans la peau d'un groupe d'animaux variés qui veulent juste faire des trucs d'humains : un pique-nique, un cinéma, ou que sais-je encore (il y a une table de trucs normaux d'humains).

On choisit un animal, on démarre quelque part, on essaie de faire un truc d'humains, et ça vire au chaos. Voilà le pitch du jeu, et sa proposition. Au niveau du système, on est sur du PBTA très classique (2d6+Carac, avec juste une manoeuvre basique et l'échelle des réussites).

Il manque peut-être un peu de cadre à la proposition, qui s'égare sans doute un poil trop sans proposer quelque chose de fort (un braquage, une vengeance, un pique-nique justement !). Le petit truc bien vu, par contre, c'est cette troisième caractéristique. Chaque animal a une valeur en Move (Déplacement) et Sneak (Discrétion). Mais aussi une caractéristique unique, que lui seul peut utiliser. L'oie peut cacarder, la chèvre filer des coups de tête, le raton laveur a des mains...

Ca permet de vraiment différencier, et d'offrir des opportunités différentes à chacun. En une page, ce jeu ne va pas plus loin, mais fait de manière simple ce qu'il souhaite faire. Pour jouer vraiment sur le pouce, même sans avoir lu le jeu avant, c'est parfait. 5 minutes plus tard, une chèvre, une oie et un raton-laveur dévalent les allées du supermarché en étant sous perfusion de Coca-Cola. Une extension existe, ainsi qu'une version remaniée, mais je n'ai pas eu l'occasion d'y jeter un oeil.

Peace was never an option est disponible sur itch.io


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